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Comment demander des instructions écrites sur vos médicaments que vous comprenez vraiment

Comment demander des instructions écrites sur vos médicaments que vous comprenez vraiment nov., 10 2025

Vous avez droit à des instructions que vous comprenez

Vous venez de récupérer votre ordonnance. Le papier est rempli de mots techniques, de chiffres étranges, de sigles que vous ne reconnaissez pas. Vous hochez la tête en souriant, comme pour dire « oui, je comprends », mais en réalité, vous n’avez aucune idée de quand prendre votre pilule, si vous devez la prendre avec ou sans nourriture, ou même pourquoi elle vous a été prescrite. Ce n’est pas votre faute. Ce n’est pas non plus une erreur de la pharmacie. C’est un système qui fonctionne mal - et vous avez le droit de le changer.

Les droits des patients ne sont pas une suggestion

En France, comme dans beaucoup de pays européens, vous avez un droit fondamental : recevoir des informations sur votre traitement dans un langage clair et compréhensible. Ce n’est pas un luxe. Ce n’est pas un service supplémentaire. C’est une obligation légale et éthique. L’Organisation Mondiale de la Santé le répète : une mauvaise compréhension des médicaments est l’une des principales causes d’erreurs médicales, d’hospitalisations inutiles et même de décès prématurés.

En 2023, une étude de l’Institut de Santé Publique de l’Université de Toulouse a montré que 47 % des patients âgés de plus de 65 ans ne comprennent pas les instructions écrites de leurs médicaments. Pourtant, dans 92 % des cas, ces patients n’ont jamais demandé de version plus simple. Pourquoi ? Parce qu’ils pensent que c’est normal. Ce n’est pas normal. C’est inacceptable.

Comment demander sans être confronté à un refus

Beaucoup de patients hésitent à demander. Ils craignent d’être jugés, de paraître ignorants, ou de déranger. Mais voici la vérité : les pharmaciens sont formés pour répondre à vos questions. Leur rôle n’est pas seulement de distribuer des comprimés. Ils sont des professionnels de la santé chargés de vous aider à comprendre ce que vous prenez.

Voici comment demander efficacement :

  1. Parlez directement au pharmacien. Ne vous contentez pas de parler à l’auxiliaire ou au caissier. Demandez à voir le pharmacien. Dans 80 % des pharmacies, seul le pharmacien peut vous fournir des instructions détaillées.
  2. Utilisez des mots simples et précis. Dites : « Je n’arrive pas à comprendre ces instructions. Pouvez-vous me les réécrire en mots simples, avec des phrases courtes ? » Ou encore : « J’ai besoin d’un document avec des images ou des symboles pour bien voir quand je dois prendre mes médicaments. »
  3. Exigez une version écrite. Dites clairement : « Je veux une copie écrite que je peux emporter et relire à la maison. »
  4. Proposez un format adapté. Si vous avez des difficultés à lire, demandez une version en gros caractères, en audio, ou avec des pictogrammes. Beaucoup de pharmacies en France utilisent maintenant des systèmes comme « Médicaments Facile » ou « Comprendre mes médicaments », qui utilisent des images pour montrer les heures de prise, les effets secondaires, et les interactions.
  5. Testez votre compréhension. Dites : « Pour être sûr que j’ai bien compris, je vais vous répéter ce que je dois faire. » C’est un geste simple, mais il réduit les erreurs de 60 % selon une étude de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris.
Des patients dans une pharmacie reçoivent des guides simplifiés sous différentes formes : QR code, gros caractères, audio.

Les outils qui existent déjà - et que vous pouvez demander

Vous ne le savez peut-être pas, mais des outils existent déjà pour vous aider. En 2022, le ministère de la Santé a lancé une initiative nationale pour améliorer la lisibilité des notices de médicaments. Aujourd’hui, plus de 120 molécules courantes ont une version simplifiée disponible dans les pharmacies.

Voici ce que vous pouvez demander :

  • Un résumé à une page : avec des phrases courtes, des puces, et des horaires clairs.
  • Un tableau de prise : avec des cases à cocher ou des couleurs pour chaque prise (matin, midi, soir).
  • Un QR code : qui mène à une vidéo explicative en français, ou dans votre langue maternelle. Plus de 60 % des grandes chaînes de pharmacies en France l’ont déjà intégré.
  • Une version audio : si vous avez des troubles de la vue ou de la lecture, demandez une enregistrement vocal. C’est légal, gratuit, et souvent disponible en 24 heures.

Si on vous refuse - que faire ?

Parfois, vous aurez un refus. Un pharmacien vous dira : « C’est ce qu’on donne à tout le monde. » Ou : « On n’a pas le temps. »

Voici ce que vous pouvez répondre :

« Je comprends que vous êtes occupé. Mais je dois prendre ce médicament correctement pour ne pas me rendre à l’hôpital. Selon la loi française, j’ai le droit à une information claire et adaptée à ma compréhension. Pouvez-vous m’aider à obtenir cela ? »

Si cela ne marche toujours pas, demandez à parler au directeur de la pharmacie. Ou écrivez un courriel à l’Agence Régionale de Santé (ARS) de votre région. Les ARS sont obligées de répondre aux plaintes liées à l’accès à l’information médicale. Vous n’êtes pas un problème. Vous êtes un patient qui exerce ses droits.

Les erreurs à éviter

Beaucoup de patients font des erreurs simples qui rendent leur demande moins efficace :

  • Ne dites pas : « Je ne comprends pas. » C’est trop vague. Dites : « Je ne comprends pas ce que signifie “prendre 2 fois par jour après les repas” - est-ce que je dois attendre 30 minutes après avoir mangé ? »
  • Ne vous contentez pas d’un « oui » du pharmacien. Si vous avez des doutes, demandez une répétition. « Pouvez-vous me le réexpliquer comme si je n’avais jamais entendu parler de ce médicament ? »
  • Ne gardez pas les instructions dans un tiroir. Accrochez-les au frigo, mettez-les dans votre poche, ou prenez une photo. Votre mémoire ne vous aidera pas quand vous serez fatigué ou stressé.
Un calendrier de médicaments coloré est affiché sur un réfrigérateur avec des icônes et une note encourageante.

Les progrès en cours - et ce que vous pouvez attendre

Les choses changent. En 2024, la France a commencé à tester des notices de médicaments avec des pictogrammes universels - des images qui veulent dire « prenez ce médicament le matin », « ne pas boire d’alcool », ou « contactez un médecin si vous avez une éruption ». Ces pictogrammes sont testés auprès de patients de tous âges et de tous niveaux d’éducation. Les résultats sont impressionnants : la compréhension augmente de 55 %.

À partir de 2026, tous les nouveaux médicaments vendus en France devront obligatoirement inclure une version simplifiée. C’est une révolution. Mais vous n’avez pas à attendre 2026. Vous avez le droit de demander cette version dès maintenant.

Un exemple concret

Maria, 72 ans, vit à Toulouse. Elle prend 7 médicaments différents. Un jour, elle a demandé à son pharmacien : « Je veux un calendrier avec des cases pour chaque prise, avec des couleurs. Je veux savoir exactement quand je dois prendre quoi. »

Le pharmacien a souri. Il a sorti une feuille A5, dessiné 4 cases (matin, midi, soir, nuit), a mis des icônes pour chaque médicament, et a écrit les heures en gros. Il a ajouté : « Si vous voyez une croix rouge, c’est qu’il faut appeler votre médecin. »

Maria l’a collé sur son réfrigérateur. Elle n’a plus eu d’erreur depuis. Elle a même partagé son calendrier avec deux voisines. Aujourd’hui, elle dit : « J’ai appris que mon silence ne protégeait pas ma santé. Mon courage, si. »

Vous n’êtes pas seul

Des milliers de personnes en France vivent la même chose. Mais elles ne parlent pas. Elles se sentent coupables. Elles pensent que c’est leur faute si elles ne comprennent pas. Ce n’est pas vrai. C’est le système qui n’a pas été conçu pour elles.

Demander des instructions que vous comprenez, ce n’est pas être exigeant. C’est être intelligent. C’est être responsable de votre santé. C’est ce que font les patients qui vivent longtemps, en bonne santé, et en paix avec leurs traitements.

Puis-je demander des instructions en une autre langue que le français ?

Oui. En France, la loi exige que les services de santé fournissent une information compréhensible, quel que soit votre langage. Si vous parlez arabe, espagnol, berbère, ou toute autre langue, vous avez le droit de demander une version traduite. Les grandes pharmacies et les hôpitaux ont des services de traduction. Si votre pharmacie ne peut pas vous aider, demandez à l’Agence Régionale de Santé (ARS) de vous orienter vers un partenaire qui le peut.

Est-ce que je dois payer pour avoir des instructions plus claires ?

Non. Aucun frais ne peut être appliqué pour obtenir des instructions écrites compréhensibles. C’est inclus dans le service pharmaceutique. Si on vous demande de payer, c’est illégal. Signalez-le à votre caisse d’assurance maladie ou à l’ARS.

Et si je ne peux pas lire du tout ?

Vous avez le droit à une version audio, en braille, ou avec des pictogrammes. Dites simplement : « Je ne lis pas. Pouvez-vous me donner une version que je peux écouter ou voir avec des images ? » La plupart des pharmacies ont maintenant des tablettes ou des téléphones avec des vidéos explicatives. Si ce n’est pas le cas, demandez à ce que l’on vous en envoie une par courrier.

Pourquoi les pharmacien ne me donnent-ils pas toujours ces documents ?

Beaucoup de pharmaciens veulent le faire, mais ils manquent de temps, de formation, ou de ressources. Ce n’est pas un refus de votre droit - c’est un manque de soutien du système. En demandant clairement, vous les aidez à faire leur travail mieux. Votre demande est une aide, pas un fardeau.

Puis-je demander une version numérique ?

Oui. De plus en plus de pharmacies proposent des applications ou des SMS avec des rappels et des instructions. Demandez : « Puis-je recevoir ces informations par SMS ou via une application ? » Si elles n’en ont pas, demandez-leur de vous envoyer un PDF par email. C’est simple, gratuit, et vous pourrez l’imprimer ou le partager avec votre famille.

15 Commentaires

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    Valérie VERBECK

    novembre 10, 2025 AT 23:10
    Enfin quelqu’un qui dit la vérité ! 😤 Je suis allée à la pharmacie avec ma mère, et le pharmacien m’a regardée comme si j’étais une idiote pour demander une version simple. On a dû insister 20 minutes. Maintenant elle a son calendrier coloré sur le frigo. Merci pour ce post.
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    laure valentin

    novembre 12, 2025 AT 11:41
    La santé, c’est pas un privilège réservé aux gens qui lisent vite et comprennent les jargons médicaux. C’est un droit fondamental. Et pourtant, on nous fait sentir coupables quand on demande une explication claire. Comme si comprendre sa propre médication était une forme de rébellion. 🤔
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    Ameli Poulain

    novembre 13, 2025 AT 14:35
    J’ai demandé une version audio pour mon père il y a deux ans. Ils ont mis trois semaines à l’envoyer par courrier. Mais ils l’ont fait. C’était pas facile, mais c’était possible. Je crois qu’il faut juste persévérer.
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    Mame oumar Ndoye

    novembre 14, 2025 AT 21:33
    Dans mon pays, on n’a pas ça. On reçoit le médicament et on prie pour que ça marche. Votre système est imparfait, mais au moins vous avez un droit. Ce n’est pas rien. Merci de le rappeler. On doit tous apprendre à demander. Même quand on a peur.
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    Philippe Mesritz

    novembre 15, 2025 AT 19:36
    C’est mignon tout ça. Mais vous croyez vraiment qu’un pictogramme va remplacer la formation médicale ? Les gens qui ne comprennent pas les notices, c’est parce qu’ils ne veulent pas lire. Pas parce que le système est mauvais. Arrêtez de tout victimiser.
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    lou the warrior

    novembre 15, 2025 AT 22:09
    J’ai arrêté de demander. J’ai juste pris mes médicaments au pif. Ça marche. Pourquoi tout compliquer ?
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    Patrice Mwepu

    novembre 17, 2025 AT 09:00
    J’ai vu une pharmacie à Lyon qui utilise des QR codes avec des vidéos en signes. C’était incroyable. Une femme sourde a pu comprendre son traitement pour la première fois. C’est ça, la vraie innovation. Pas les slogans.
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    Delphine Jarry

    novembre 19, 2025 AT 04:15
    Je suis une accro aux médicaments. J’en prends 5 par jour. J’ai fait un tableau avec des Legos pour chaque prise. Oui, des LEGOS. Mon mari rit, mais je n’ai plus fait d’erreur depuis 8 mois. Vous n’avez pas besoin d’être parfait. Vous avez juste besoin d’être créatif.
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    raphael ribolzi

    novembre 20, 2025 AT 21:58
    La version simplifiée existe pour 120 molécules, mais seulement 17 % des pharmacies la proposent spontanément. La loi est là, mais l’application est un désastre. Faut pas juste demander. Faut aussi signaler les refus. Ça pèse.
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    Marie Langelier

    novembre 21, 2025 AT 12:26
    Tout ça c’est du politiquement correct. Les vieux, ils savent pas lire, c’est leur problème. On peut pas tout simplifier pour les gens qui refusent de s’adapter.
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    Christiane Mbazoa

    novembre 22, 2025 AT 07:49
    je pense que cest un truc du gouvernement pour nous controler. les pictogrammes cest pour nous faire croire quon comprend. en realite cest pour nous rendre dependant. et les qr code ? ca suit tout ce quon fait. je sais pas mais je sens que cest pas bon
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    James Holden

    novembre 22, 2025 AT 20:46
    Vous parlez de droits. Mais avez-vous vérifié la loi exacte ? Article L. 1111-2 du code de la santé publique. Il parle de 'compréhension adaptée', pas de 'version simplifiée obligatoire'. Vous confondez interprétation et texte de loi. Ce n’est pas un droit absolu.
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    James Gough

    novembre 23, 2025 AT 04:29
    La question n’est pas de savoir si l’on peut demander. La question est de savoir si l’on a le droit de s’attendre à ce que le système réagisse avec une efficacité proportionnelle à l’urgence de la situation. Et la réponse est non. Le système est lent. Le système est rigide. Le système est… français.
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    Géraldine Rault

    novembre 24, 2025 AT 00:09
    Les gens qui demandent ça, c’est ceux qui ne veulent pas se prendre en charge. Si tu ne comprends pas, tu apprends. Tu ne demandes pas à ce qu’on te fasse un dessin. C’est de la paresse. Et ça fait peur.
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    Céline Bonhomme

    novembre 24, 2025 AT 14:13
    Je suis pharmacienne depuis 27 ans. J’ai vu des patients mourir parce qu’ils prenaient deux fois leur dose parce qu’ils n’ont pas compris 'toutes les 12 heures'. J’ai vu des gens pleurer parce qu’on leur a dit 'c’est écrit là'. J’ai vu des collègues pleurer aussi, parce qu’ils n’avaient pas le temps. Ce n’est pas un débat. C’est une crise humaine. Et vous, vous parlez de pictogrammes comme si c’était un gadget. Non. C’est une question de vie ou de mort. Et si vous n’avez pas encore demandé, vous êtes en train de signer un contrat silencieux avec la négligence. Réveillez-vous.

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