Médecines : les mythes dangereux démentis par les faits pour les patients
nov., 19 2025
Les mythes sur les médicaments peuvent vous tuer - voici ce qui est vrai
Vous avez arrêté vos antibiotiques parce que vous vous sentiez mieux ? Vous prenez deux comprimés de paracétamol en plus parce que la douleur ne passe pas ? Vous pensez que les plantes, c’est toujours sûr ? Si vous avez répondu oui à l’une de ces questions, vous croyez peut-être à un mythe dangereux. Et ces mythes, ils ne sont pas anodins. Ils envoient plus d’1,3 million de personnes aux urgences chaque année aux États-Unis - et tuent près de 7 000 personnes. En France, les erreurs médicamenteuses sont la troisième cause de décès évitables à l’hôpital. La bonne nouvelle ? La plupart de ces erreurs viennent de croyances fausses. Et on peut les détruire.
Mythe n°1 : Les médicaments en vente libre sont sans risque
Vous pensez que parce qu’un médicament se vend sans ordonnance, il est inoffensif ? C’est l’erreur la plus courante. Le paracétamol, présent dans plus de 600 produits (antidouleurs, décongestionnants, fièvre), est responsable de 56 000 visites aux urgences chaque année aux États-Unis. Pourquoi ? Parce que 4 comprimés de 500 mg (soit 2 000 mg) en une journée, c’est déjà trop. La dose maximale recommandée depuis 2011 est de 3 000 mg par jour - pas 4 000. Et si vous en prenez 8 comprimés en une fois, vous risquez une insuffisance hépatique aiguë. En France, 15 % des cas d’insuffisance hépatique aiguë sont causés par une surdose de paracétamol. Ce n’est pas une overdose de drogue : c’est une overdose de médicament acheté en pharmacie.
Mythe n°2 : Plus de comprimés = plus d’effet
Vous avez mal à la tête, vous prenez un ibuprofène. Ça va un peu mieux. Alors vous en prenez un deuxième. Et un troisième. Vous pensez que c’est logique. Ce n’est pas logique, c’est dangereux. Prendre plus de 1 200 mg d’ibuprofène par jour augmente le risque de saignements gastro-intestinaux de 4,5 fois. Ce n’est pas une hypothèse : c’est ce qu’a montré une étude publiée dans JAMA Internal Medicine en 2017. Les douleurs ne disparaissent pas plus vite avec plus de médicament. Elles deviennent plus graves. Votre estomac ne vous remerciera pas. Vos reins non plus. La dose recommandée n’est pas une suggestion. C’est un calcul scientifique. Un médicament n’est pas plus efficace quand on en prend trop. Il est juste plus toxique.
Mythe n°3 : On peut arrêter les antibiotiques quand on va mieux
C’est la pire erreur que les patients font avec les antibiotiques. Vous avez une infection, vous prenez vos comprimés pendant 3 jours. Vous vous sentez mieux. Vous jetez le reste. Vous pensez avoir gagné. En réalité, vous avez gagné la bataille, mais perdu la guerre. Les bactéries les plus résistantes survivent. Elles se multiplient. Elles deviennent invincibles. Chaque année, 35 000 personnes meurent aux États-Unis à cause de bactéries résistantes aux antibiotiques. En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament estime que 30 % des traitements antibiotiques sont arrêtés trop tôt. Résultat : des infections qui ne répondent plus aux traitements classiques. Finissez toujours votre traitement, même si vous vous sentez bien. C’est la seule façon d’éviter de créer des super-bactéries.
Mythe n°4 : Les plantes et les compléments sont toujours sûrs
Vous prenez de la St. John’s Wort pour la dépression ? Ou du ginkgo biloba pour la mémoire ? Vous pensez que c’est naturel, donc inoffensif. C’est faux. La St. John’s Wort réduit l’efficacité des pilules contraceptives de 15 à 33 %. Cela signifie que vous pouvez tomber enceinte sans le savoir. Le ginkgo biloba, lui, augmente le risque de saignement de 50 % si vous prenez de la warfarine (un anticoagulant). Et ce n’est pas tout : l’echinacée peut interagir avec les médicaments contre le VIH. Le curcuma peut renforcer l’effet des antidiabétiques et faire chuter votre glycémie. Les plantes ne sont pas des bonbons. Ce sont des substances actives. Et comme les médicaments, elles interagissent. Parlez-en à votre pharmacien avant de les prendre.
Mythe n°5 : Un verre de vin avec ses médicaments, c’est pas grave
Vous prenez un antidouleur, un anxiolytique, ou un traitement contre l’hypertension, et vous vous dites : « Un petit verre, ça ne fait pas de mal. » C’est une erreur mortelle. Mélanger de l’alcool avec des opioïdes (comme le Vicodin) augmente le risque d’arrêt respiratoire de 800 %. Avec les anxiolytiques, ça peut provoquer un coma. Avec les hypoglycémiants, ça fait chuter votre sucre en sang. Même avec les statines - les médicaments contre le cholestérol - l’alcool peut endommager le foie. La vérité ? Il n’y a pas de dose « sûre » d’alcool quand vous prenez des médicaments. Si vous ne savez pas, demandez. Ne devinez pas.
Les faits qui sauvent la vie
Il existe des solutions simples, concrètes, et prouvées. Elles ne demandent pas de changement radical. Juste de la rigueur.
- Le « brown bag » : Apportez toutes vos médicaments - ordonnance, vente libre, compléments - à votre médecin ou pharmacien une fois par an. Cette simple action réduit les erreurs de traitement de 63 %.
- La méthode Teach-Back : Quand on vous explique un traitement, répétez-le dans vos propres mots. « Donc je prends ce comprimé deux fois par jour, après les repas, pour la tension, et je ne dois pas en prendre avec du jus d’orange ? » Cela augmente votre compréhension de 42 % à 89 %.
- Les 5 droits : Vérifiez toujours : le bon patient (vous), le bon médicament, la bonne dose, la bonne voie (par voie orale ? par injection ?), le bon moment. C’est la base. Et ça marche.
- La synchronisation des traitements : Si vous prenez 4 médicaments différents, demandez à votre pharmacien de les faire arriver tous le même jour de la semaine. Cela augmente l’adhésion de 52 % à 81 %.
- Les génériques sont équivalents : Un générique contient la même substance active que le médicament de marque. La différence ? Le prix. Et parfois, la forme. Mais pas l’efficacité. L’Agence nationale de sécurité du médicament exige que les génériques soient entre 80 % et 125 % de bioéquivalence. Ce n’est pas un substitut de moindre qualité. C’est la même molécule.
Les outils modernes pour mieux s’orienter
Les technologies aident aussi. Des applications comme Medisafe envoient des rappels, vérifient les interactions, et alertent si vous prenez une dose trop élevée. Elles ont réduit les erreurs de dosage de 37 % chez plus de 2 millions d’utilisateurs. Amazon Pharmacy propose un service « Posez une question à un pharmacien » - plus d’1,2 million de questions ont été traitées en 2023, avec un taux de satisfaction de 94 %. En France, les pharmacies de ville proposent désormais des entretiens médicamenteux gratuits. Profitez-en. Ce n’est pas un simple conseil : c’est un acte de prévention.
Le rôle du pharmacien : votre allié, pas votre vendeur
Le pharmacien n’est pas là pour vous vendre un médicament. Il est là pour vous protéger. Il connaît les interactions, les contre-indications, les doses. Il sait quand un traitement est inutile. Il sait quand un complément est dangereux. Et il est formé pour ça. Si vous avez un doute, demandez. Pas à Google. Pas à votre ami. À votre pharmacien. Il a passé 5 ans d’études pour ça. Et il est là, juste à côté de chez vous.
Le prix des mythes
Les erreurs médicamenteuses coûtent au système de santé américain plus de 42 milliards de dollars par an. En France, les hospitalisations liées aux erreurs de médicaments représentent 6,5 % des coûts hospitaliers totaux. Ce ne sont pas des chiffres abstraits. Ce sont des vies perdues. Des familles brisées. Des traitements inutiles. Des hôpitaux saturés. Chaque mythe que vous croyez, c’est une erreur qui pourrait être évitée. Et chaque fait que vous apprenez, c’est une vie que vous sauvez - la vôtre, ou celle d’un proche.
Que faire maintenant ?
Prenez 5 minutes. Regardez votre boîte à médicaments. Notez tout ce que vous prenez - même les gélules de vitamine D ou les tisanes. Apportez cette liste à votre pharmacien la prochaine fois que vous passez. Posez-lui ces deux questions :
- Est-ce que tous ces médicaments peuvent interagir entre eux ?
- Est-ce que je prends la bonne dose au bon moment ?
Ne vous contentez pas d’un « oui » vague. Demandez une explication simple. Si vous ne comprenez pas, demandez encore. Votre santé ne se négocie pas. Et vos médicaments ne sont pas des bonbons.
Puis-je prendre deux médicaments en vente libre en même temps ?
Pas sans vérifier. Beaucoup de médicaments en vente libre contiennent le même ingrédient actif. Par exemple, un décongestionnant et un antidouleur peuvent tous deux contenir du paracétamol. Prendre les deux en même temps peut vous amener à dépasser la dose maximale sans vous en rendre compte. Vérifiez toujours les compositions sur l’emballage. Si vous n’êtes pas sûr, demandez à votre pharmacien.
Les médicaments génériques sont-ils moins efficaces que les marques ?
Non. Les génériques contiennent exactement la même substance active, dans la même quantité, et sont absorbés de la même manière que le médicament de marque. La seule différence est le nom, la forme, ou le colorant. En France, l’ANSM exige une bioéquivalence entre 80 % et 125 %. Cela signifie que leur effet est identique. Les génériques sont une bonne option pour économiser, sans risquer la qualité.
Pourquoi les antibiotiques ne marchent-ils pas sur les rhumes ?
Parce que les rhumes sont causés par des virus, pas par des bactéries. Les antibiotiques ne tuent que les bactéries. Prendre un antibiotique pour un rhume ne vous guérit pas plus vite. Cela ne fait que tuer les bonnes bactéries de votre corps et favoriser la résistance. C’est comme utiliser un canon pour tuer une mouche. Et vous créez des super-bactéries. C’est pourquoi les médecins refusent de vous en prescrire pour un rhume.
Est-ce que les compléments alimentaires sont régulés ?
Oui, mais moins strictement que les médicaments. En France, les compléments sont classés comme des produits alimentaires. Ils ne doivent pas prétendre guérir une maladie. Mais ils peuvent contenir des substances actives puissantes. Leur pureté, leur dose, et leurs interactions ne sont pas toujours vérifiées comme pour un médicament. C’est pourquoi il est crucial d’en parler à votre pharmacien avant de les prendre.
Que faire si je prends un médicament par erreur en trop grande quantité ?
Ne vous laissez pas paniquer. Appelez immédiatement le Centre Antipoison le plus proche. En France, le numéro est le 01 40 05 48 48. Il est disponible 24h/24. Dites-leur le nom du médicament, la quantité prise, et votre âge. Ne tentez pas de vous faire vomir, sauf si on vous le demande. Le Centre Antipoison sait exactement quoi faire. Et il est là pour ça.
Prochaines étapes : devenez acteur de votre sécurité
La sécurité médicamenteuse ne dépend pas seulement des médecins ou des pharmacies. Elle dépend de vous. Chaque fois que vous prenez un médicament, posez-vous cette question : « Est-ce que je sais pourquoi je le prends ? » Si la réponse est non, arrêtez-vous. Demandez. Écrivez. Répétez. Votre corps ne vous le pardonnera pas si vous faites une erreur. Mais il vous remerciera si vous prenez le temps de comprendre.