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Apnée du sommeil et risque cardiaque : lien avec l'hypertension et les arythmies

Apnée du sommeil et risque cardiaque : lien avec l'hypertension et les arythmies déc., 15 2025

Si vous avez du mal à dormir, vous vous réveillez fatigué malgré une nuit complète, ou votre partenaire vous dit que vous ronflez fort et que vous vous étouffez pendant la nuit, ce n’est peut-être pas juste un problème de sommeil. Cela pourrait être une apnée du sommeil, un trouble bien plus sérieux qu’il n’y paraît - surtout pour votre cœur.

Comment l’apnée du sommeil attaque votre cœur

L’apnée obstructive du sommeil (AOS) se produit quand vos voies respiratoires se bloquent pendant le sommeil, coupant l’apport en oxygène pendant plusieurs secondes, parfois des dizaines de fois par heure. Chaque fois que cela arrive, votre corps panique. Votre cerveau envoie un signal d’urgence : « Respire ! ». Votre système nerveux sympathique s’active à 200-300 %, votre cœur bat plus vite, vos vaisseaux se contractent, et votre pression artérielle explose.

Imaginez votre tension artérielle qui monte de 20 à 40 mmHg à chaque épisode d’apnée - et cela peut se répéter 50 fois par nuit. Ce n’est pas un pic ponctuel. C’est un stress constant, répété, qui endommage vos artères, vos valves et votre muscle cardiaque. Ce phénomène crée une hypertension nocturne qui ne disparaît pas au réveil. Beaucoup de patients découvrent qu’ils ont une tension élevée même en journée, malgré des médicaments. Pourquoi ? Parce que leur cœur n’a jamais eu une vraie pause.

Le lien avec les arythmies : quand le cœur perd son rythme

L’apnée du sommeil n’affaiblit pas seulement la pression. Elle déséquilibre complètement le système électrique du cœur. Pendant les apnées, le vagus (qui ralentit le cœur) se calme, tandis que le système nerveux sympathique (qui accélère) déchaîne des surcharges. Ce déséquilibre crée un terrain idéal pour les arythmies.

Les études montrent que les patients atteints d’apnée sévère (plus de 30 épisodes par heure) ont 3 à 5 fois plus d’épisodes de fibrillation auriculaire que les personnes sans apnée. La fibrillation auriculaire, c’est ce battement irrégulier, rapide, qui augmente le risque de caillots, d’AVC et d’insuffisance cardiaque. Et ce n’est pas seulement un problème pour les seniors. Une étude de l’UT Southwestern Medical Center publiée en juillet 2024 a révélé que même les jeunes adultes de moins de 40 ans avec apnée ont un risque cardiaque nettement plus élevé.

En comparaison, l’hypertension augmente le risque de fibrillation auriculaire de 50 %. L’apnée sévère, elle, l’augmente de 140 %. Ce n’est pas une coïncidence. C’est une cause directe.

Des chiffres qui font peur - et qui doivent vous réveiller

Selon l’American Heart Association (2024) :

  • 1 milliard d’adultes dans le monde souffrent d’apnée du sommeil.
  • 30 à 40 % des personnes hypertendues ont une apnée non diagnostiquée.
  • 45 à 60 % des patients atteints de fibrillation auriculaire ont aussi une apnée du sommeil.
  • L’apnée augmente le risque d’AVC de 60 % et de maladie coronarienne de 30 %.
  • Le risque d’insuffisance cardiaque double chez les personnes atteintes d’apnée sévère.

Et pourtant, seulement 20 à 25 % des personnes à risque sont dépistées dans les cabinets de médecin généraliste. Pourquoi ? Parce que beaucoup pensent que c’est juste un problème de ronflement. Ce n’est pas le cas. C’est un signal d’alarme cardiaque.

Homme réveillé en pleine nuit, main sur la poitrine, machine CPAP émettant une lumière apaisante qui répare son cœur.

Comment savoir si vous êtes concerné ?

Voici les signes les plus courants :

  • Ronflement fort et irrégulier, souvent interrompu par des arrêts de respiration.
  • Réveils brusques avec sensation d’étouffement.
  • Fatigue extrême en journée, même après 8 heures de sommeil.
  • Difficulté à se concentrer, mémoire affaiblie.
  • Hypertension résistante (tension élevée malgré 3 médicaments ou plus).
  • Arythmie déjà diagnostiquée (fibrillation auriculaire, tachycardie).

Si vous répondez à au moins deux de ces points, demandez un dépistage. Le test est simple : soit un examen en laboratoire de sommeil (polysomnographie), soit un appareil portable que vous portez à la maison. Le diagnostic repose sur l’indice apnée-hypopnée (IAH) : 5 épisodes ou plus par heure signifient une apnée. Au-delà de 30, c’est sévère.

Le traitement qui sauve le cœur : le CPAP

Le traitement le plus efficace, et le plus étudié, c’est le CPAP (pression positive continue). C’est un petit appareil qui envoie de l’air doucement via un masque pendant la nuit, pour garder vos voies respiratoires ouvertes.

Les résultats sont impressionnants :

  • Une réduction moyenne de 5 à 10 mmHg de la pression artérielle en 3 mois.
  • Une baisse de 42 % des récidives de fibrillation auriculaire après un an d’utilisation régulière.
  • Une amélioration de la fonction cardiaque : 35 à 45 % des patients voient leur diastole (relaxation du cœur) se rétablir.

Un patient sur Reddit, 'CardioPatient87', a partagé : « Ma tension est passée de 160/95 à 128/82 en trois mois avec le CPAP. J’ai pu réduire mes médicaments. »

Le problème ? L’adhésion. 25 à 30 % des patients abandonnent le CPAP dans la première année. Pourquoi ? Masque inconfortable, peau irritée, sécheresse du nez. Mais ces problèmes sont résolubles. Un bon ajustement du masque, une humidification, un réglage en « ramp » (montée progressive de la pression) et un changement de coussinet tous les 3 mois font toute la différence. 85 % des patients qui utilisent le CPAP plus de 30 jours disent que leur sommeil s’est amélioré.

Comparaison visuelle : cœur endommagé sans traitement CPAP versus cœur sain avec traitement, illustrant la récupération cardiaque.

Et si le CPAP ne marche pas ?

Il existe d’autres options, surtout pour les patients qui ne tolèrent pas le masque :

  • Les appareils orthodontiques (dispositifs de repositionnement mandibulaire) : utiles pour les cas légers à modérés.
  • La stimulation du nerf hypoglosse (Inspire Therapy) : un petit implant qui stimule les muscles de la gorge pendant le sommeil. Dans les essais, il a réduit les apnées de 79 %.
  • La perte de poids : même une perte de 10 % du poids corporel peut réduire l’IAH de 50 %.

La chirurgie est rarement la première solution. Elle est réservée aux cas très spécifiques, comme une déformation anatomique majeure.

Le message clair : votre cœur vous remerciera

L’apnée du sommeil n’est pas une simple gêne nocturne. C’est un facteur de risque cardiaque majeur, aussi important que le tabac, le cholestérol ou le diabète. Et contrairement à certains facteurs génétiques, elle est traitable.

Si vous avez de l’hypertension, une arythmie, ou même juste des ronflements intenses et une fatigue qui ne passe pas, ne laissez pas passer cette chance. Faites un dépistage. Utilisez le traitement. Votre cœur n’a pas besoin de plus de stress. Il a besoin de repos. Et vous aussi.

L’apnée du sommeil peut-elle causer une crise cardiaque ?

Oui. L’apnée du sommeil augmente le risque de crise cardiaque de 30 % par rapport aux personnes sans ce trouble. Chaque épisode d’apnée provoque une chute brutale d’oxygène, une surcharge de pression sur le cœur et une inflammation chronique. Ces facteurs endommagent les artères coronaires et rendent les plaques plus instables, ce qui peut déclencher un infarctus, surtout la nuit ou au réveil.

Faut-il faire un dépistage même si on n’a pas de ronflement ?

Oui. Certains patients, surtout les femmes et les personnes plus âgées, n’ont pas de ronflement fort. Ils se réveillent avec une bouche sèche, une migraine du matin, ou une fatigue intense sans raison apparente. Ces signes peuvent aussi indiquer une apnée. Le dépistage est recommandé pour tous les patients hypertendus, atteints d’arythmie ou d’insuffisance cardiaque, même sans ronflement.

Le CPAP doit-il être utilisé toute la nuit ?

Pour avoir un effet réel sur la santé cardiaque, il faut utiliser le CPAP au moins 4 heures par nuit, 5 nuits par semaine. Des études montrent que les patients qui atteignent ce seuil voient une réduction significative de leur tension et de leurs arythmies. Moins de 4 heures, et les bénéfices sont très limités. L’objectif n’est pas la perfection, mais la régularité.

L’apnée centrale est-elle aussi dangereuse pour le cœur ?

L’apnée centrale, qui vient d’un dysfonctionnement du cerveau (pas d’obstruction physique), est moins courante et a un lien plus faible avec les maladies cardiovasculaires. Elle est souvent liée à une insuffisance cardiaque existante, plutôt que d’en être la cause. L’apnée obstructive, elle, est une cause directe de l’hypertension, des arythmies et de l’insuffisance cardiaque.

Le CPAP est-il remboursé en France ?

Oui. En France, le CPAP est remboursé à 65 % par la Sécurité sociale si une apnée sévère est diagnostiquée (IAH ≥ 30). Les appareils sont fournis par des prestataires agréés. Les patients hypertendus ou atteints d’arythmie ont un accès facilité au dépistage et au traitement. Certains mutuelles complètent le remboursement.

Que faire maintenant ?

Si vous avez des doutes :

  1. Noter vos symptômes : ronflement, fatigue, réveils nocturnes, tension élevée.
  2. Parler à votre médecin généraliste ou cardiologue. Demandez un dépistage d’apnée du sommeil.
  3. Si le diagnostic est confirmé, ne retardez pas le traitement. Le CPAP n’est pas un choix, c’est une protection cardiaque.
  4. Si vous avez déjà un CPAP mais que vous l’abandonnez, recontactez votre prestataire. Un ajustement peut tout changer.

Le cœur ne parle pas toujours fort. Parfois, il ne fait que s’éteindre lentement. L’apnée du sommeil est une voix discrète - mais elle peut vous sauver la vie si vous l’écoutez.