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Infections parasitaires : Giardia, oxyures et traitements de base

Infections parasitaires : Giardia, oxyures et traitements de base déc., 26 2025

Qu’est-ce que les infections parasitaires intestinales ?

Les infections parasitaires intestinales ne sont pas rares, même dans les pays développés. Deux des plus fréquentes sont causées par Giardia et les oxyures. Ces organismes vivent dans l’intestin, se nourrissent de ce que vous mangez, et peuvent provoquer des symptômes désagréables, voire chroniques. Ce n’est pas une question de « mauvaise hygiène » uniquement - même les personnes qui se lavent les mains régulièrement peuvent être infectées, surtout après un voyage, une exposition à de l’eau contaminée, ou dans les crèches et écoles.

Giardia : le parasite invisible dans l’eau

Giardia lamblia est un protozoaire microscopique, en forme de poire, qui existe sous deux formes : la forme active (trophozoïte) et la forme résistante (cyste). Les cystes, c’est ce qui rend Giardia si difficile à éliminer. Ils peuvent survivre plusieurs mois dans l’eau froide, même dans les rivières ou les lacs. Une seule gorgée d’eau contaminée - même propre à première vue - peut suffire à provoquer une infection.

Les symptômes apparaissent généralement entre 1 et 14 jours après l’ingestion, avec une moyenne de 7 jours. On observe une diarrhée aqueuse et abondante, des gaz, des crampes abdominales, des nausées, une fatigue intense et parfois une perte de poids. Chez certains, les symptômes disparaissent en quelques semaines. Chez d’autres, surtout les enfants ou les personnes à système immunitaire affaibli, l’infection devient chronique, avec malabsorption des nutriments et perte de poids prolongée.

Le diagnostic repose sur un test d’antigène dans les selles, bien plus fiable que l’examen microscopique traditionnel. Ce test détecte la présence du parasite avec une précision de 95 %. Les médecins ne le font pas toujours en premier, ce qui explique pourquoi beaucoup de cas restent non diagnostiqués pendant des mois.

Les oxyures : le parasite qui gratte la nuit

Les oxyures, ou Enterobius vermicularis, sont de petits vers blancs, fins, d’environ 1 cm de long. Elles vivent dans l’intestin grêle et le côlon. Ce qui les rend si problématiques, ce n’est pas leur présence dans l’intestin, mais leur comportement nocturne : la femelle sort de l’anus pour pondre ses œufs sur la peau environnante, généralement entre 2 et 4 heures du matin.

C’est cette migration qui cause une démangeaison intense, surtout la nuit. Les enfants sont les plus touchés - 40 à 80 millions d’Américains en sont infectés chaque année, principalement entre 5 et 10 ans. Mais les adultes qui s’occupent d’enfants, ou qui vivent en collectivité (crèches, écoles, maisons de retraite), sont aussi en grand risque. La transmission se fait par contact : on se gratte, on touche une poignée de porte, un lit, un jouet, puis on se met les doigts à la bouche. Les œufs peuvent aussi devenir aériens - ils sont légers et peuvent être inhalés puis avalés.

Le test du ruban adhésif est le standard. On applique un morceau de ruban transparent sur l’anus le matin, avant de se laver, puis on l’envoie au laboratoire. Un seul test donne un résultat positif dans 50 % des cas. Trois tests consécutifs augmentent la fiabilité à 90 %.

Enfant qui se gratte la nuit pendant que des oxyures sortent de son anus.

Traitement de la giardiose : quel médicament choisir ?

Le traitement de la giardiose est efficace, mais pas toujours simple. Trois médicaments sont couramment utilisés :

  1. Métrodinazole : 250 mg trois fois par jour pendant 5 à 7 jours. C’est le plus utilisé, mais il cause un goût métallique chez 78 % des patients et des nausées chez 65 %. Il faut éviter l’alcool pendant et 48 heures après le traitement.
  2. Tinidazole : une seule dose de 2 g. Moins de prises, moins d’effets secondaires. Très efficace, avec un taux de guérison de 90 %.
  3. Nitazoxanide : 500 mg deux fois par jour pendant 3 jours. Autorisé chez les enfants dès l’âge de 1 an. Moins connu, mais très utile pour les cas résistants ou chez les jeunes enfants.

Les taux de guérison varient entre 80 % et 95 %. Mais si les symptômes persistent après un traitement, c’est souvent parce qu’il y a une réinfection - pas parce que le médicament a échoué. Les cystes survivent sur les surfaces, dans les toilettes, sur les poignées, les serviettes. Il faut traiter toute la famille, même si personne n’a de symptômes.

Traitement des oxyures : une approche familiale

Contrairement à Giardia, les oxyures ne se traitent pas avec des antibiotiques. On utilise des antiparasitaires spécifiques :

  1. Mébendazole : 100 mg en une seule prise, à répéter après 2 semaines.
  2. Albendazole : 400 mg en une seule prise. Depuis janvier 2024, les CDC recommandent une triple dose (400 mg trois fois à 2 semaines d’intervalle) pour les cas réfractaires - efficacité de 98 %.
  3. Pyrantel pamoate : 11 mg par kg de poids (jusqu’à 1 g maximum), une seule dose.

Le secret du succès ? Traiter TOUTE la maison en même temps. Les études montrent que 75 % des membres d’une famille sont infectés quand un seul membre est diagnostiqué. Même les adultes asymptomatiques doivent être traités.

En plus du médicament, il faut :

  • Laver tous les draps, pyjamas, serviettes à 60 °C.
  • Nettoyer les surfaces de la salle de bain et des toilettes avec un désinfectant.
  • Éviter de secouer les draps ou les vêtements - les œufs peuvent devenir aériens.
  • Ne pas se gratter l’anus - couper les ongles courts, laver les mains après chaque selle.

Un cas rapporté sur Reddit en mars 2024 montre qu’une famille a traité deux fois sans succès - jusqu’à ce qu’un nettoyage professionnel du matelas et des peluches élimine les œufs survivants. C’est rare, mais possible.

Prévention : ce qui marche vraiment

La prévention est la clé. Voici ce qui réduit réellement le risque :

  • Se laver les mains : avec du savon et de l’eau courante, pendant 20 secondes, après chaque selle, avant de manger. L’OMS estime que cela réduit la transmission de 30 à 50 %.
  • Éviter l’eau non traitée : en voyage, buvez uniquement de l’eau en bouteille ou filtrée. Les filtres à membrane avec des pores < 1 µm (comme les filtres de camping) éliminent les cystes de Giardia. L’eau bouillie pendant 1 minute fonctionne aussi.
  • Ne pas partager les serviettes ou les brosses à dents : surtout dans les familles avec enfants.
  • Nettoyer les jouets : les jouets en plastique ou en caoutchouc peuvent retenir les œufs d’oxyures. Laver à l’eau chaude ou les désinfecter.

Les nouvelles directives de l’OMS (2023) sur la filtration à la source recommandent cette méthode dans les zones à risque. Un essai au Bangladesh a montré une baisse de 42 % des cas de giardiose après l’introduction de filtres à usage domestique.

Famille qui se lave les mains ensemble pour prévenir les infections parasitaires.

Problèmes persistants et résistances

Malgré les traitements, des défis subsistent. En Asie du Sud-Est, 15 % des cas de giardiose ne répondent plus au métrodinazole, contre seulement 5 % en Amérique du Nord. Les chercheurs pensent que l’usage excessif ou inapproprié de ce médicament dans les pays en développement accélère la résistance.

Les personnes immunodéprimées - comme celles atteintes du VIH - sont plus vulnérables. Leur infection peut durer des mois, voire des années, avec des complications sévères. Les traitements standard ne suffisent pas toujours : il faut des protocoles plus longs et un suivi médical rapproché.

Les vaccins sont en cours d’étude. Une étude publiée dans The Lancet Infectious Diseases en 2023 a montré que le vaccin GID1 provoquait une réponse immunitaire chez 70 % des volontaires. Ce n’est pas encore disponible, mais c’est une piste prometteuse.

Quand consulter un médecin ?

Consultez un médecin si :

  • La diarrhée dure plus de 10 jours, surtout avec perte de poids ou fatigue persistante.
  • Les démangeaisons anales sont intenses, surtout la nuit, et persistent après 1 semaine.
  • Un enfant a des troubles du sommeil, des changements d’humeur ou une perte d’appétit inexpliquée.
  • Vous avez voyagé récemment dans une région à risque et développez des symptômes.

Ne vous automédiquez pas. Les médicaments antiparasitaires ne sont pas anodins. Un traitement mal dosé peut aggraver les symptômes ou favoriser la résistance.

Les erreurs à éviter

  • Ne pas traiter toute la famille : c’est la cause la plus fréquente de récidive pour les oxyures.
  • Arrêter le traitement trop tôt : même si les symptômes disparaissent, les parasites peuvent survivre.
  • Ignorer l’hygiène environnementale : un médicament seul ne suffit pas. Les œufs et cystes survivent des semaines sur les surfaces.
  • Confondre avec une gastro-entérite virale : Giardia ne cause pas de fièvre élevée, mais une diarrhée persistante. La confusion peut retarder le diagnostic de plusieurs semaines.

Les infections parasitaires ne sont pas honteuses. Elles sont courantes, évitables, et traitables. Ce qui compte, c’est de les reconnaître à temps, de les traiter correctement, et de briser le cycle de transmission. Avec les bonnes informations, vous protégez non seulement vous-même, mais aussi ceux qui vous entourent.