Pharma Seguin

Intolérance alimentaire vs allergie : symptômes gastro-intestinaux et tests de diagnostic

Intolérance alimentaire vs allergie : symptômes gastro-intestinaux et tests de diagnostic déc., 19 2025

Vous avez mal au ventre après avoir mangé du fromage ? Vous vous sentez ballonné après une pizza ? Vous vous demandez si c’est une allergie alimentaire ou simplement une intolérance ? Ces deux problèmes semblent similaires, mais ils sont fondamentalement différents - et confondre l’un avec l’autre peut avoir des conséquences graves.

Comment ça marche ? Le corps réagit différemment

Une allergie alimentaire est une réaction du système immunitaire. Votre corps croit à tort qu’une protéine dans un aliment - comme les cacahuètes, les œufs ou le lait - est un ennemi. Il produit des anticorps appelés IgE, qui déclenchent une libération massive d’histamine. Résultat ? Des symptômes qui arrivent en quelques minutes : urticaire, gonflement des lèvres, difficulté à respirer, vomissements, ou même un choc anaphylactique. Même une toute petite quantité peut déclencher une réaction mortelle.

Une intolérance alimentaire, elle, n’implique pas le système immunitaire. C’est un problème digestif. Votre corps manque d’une enzyme pour dégrader un composant de l’aliment. Le cas le plus connu : l’intolérance au lactose. Sans assez de lactase, le sucre du lait (le lactose) n’est pas digéré. Il arrive dans l’intestin grêle intact, puis dans le côlon, où les bactéries le fermentent. Résultat : gaz, ballonnements, crampes, diarrhée. Ces symptômes arrivent plus lentement - entre 30 minutes et plusieurs heures après le repas - et ne sont jamais mortels.

Quels symptômes vous font penser à quoi ?

Les signes gastro-intestinaux peuvent se chevaucher, mais leur rapidité et leur contexte disent tout.

  • Allergie alimentaire : Vomissements brutaux, douleurs abdominales sévères, diarrhée soudaine - souvent accompagnés de symptômes hors de l’abdomen : gonflement du visage, éruption cutanée, respiration sifflante, sensation de gorge qui se ferme. Tout cela arrive en moins de deux heures, parfois en cinq minutes.
  • Intolérance alimentaire : Ballonnements, gaz excessifs, crampes légères à modérées, diarrhée chronique ou intermittente. Les symptômes apparaissent progressivement, et leur intensité dépend de la quantité ingérée. Une personne intolérante au lactose peut souvent boire un petit verre de lait sans problème, mais pas un grand verre.

Le lactose est le plus fréquent : environ 65 % de la population mondiale a une déficience en lactase. Mais d’autres intolérances existent : au fructose (dans les fruits et les sirops), au sorbitol (dans les fruits secs et les chewing-gums), ou aux sulfites (dans le vin, les fruits secs, les charcuteries). Ces réactions ne sont pas des allergies, mais des désagréments digestifs.

Comment savoir ce que vous avez ? Les tests fiables

Ne vous fiez pas aux tests en ligne ou aux analyses de sang « d’intolérance » qui mesurent les IgG. L’Académie américaine d’allergie, d’asthme et d’immunologie les déconseille fermement : ces tests sont faux dans plus de 70 % des cas. Ils ne servent à rien.

Voici ce qui marche vraiment.

Pour les allergies : trois tests fiables

  1. Test cutané : une goutte d’extrait de l’aliment est posée sur la peau, puis piquée légèrement. Si une bosse rouge apparaît (plus de 3 mm), c’est un signe positif. Mais ce test peut parfois donner de faux positifs - surtout chez les personnes ayant de l’eczéma.
  2. Test sanguin IgE : il mesure la quantité d’anticorps spécifiques à l’aliment dans le sang. Un résultat supérieur à 0,35 kU/L est considéré comme positif. Mais encore une fois, un résultat élevé ne signifie pas toujours une réaction clinique.
  3. Challenge oral supervisé : c’est la méthode d’or. Sous surveillance médicale, vous mangez progressivement l’aliment suspect. Si vous réagissez, le diagnostic est confirmé. C’est le seul test qui prouve que vous avez vraiment une allergie.

Des tests plus précis, comme la diagnostic composant-résolu (ex : mesure de l’Ara h 2 pour les cacahuètes), permettent maintenant de prédire avec 95 % de précision si une personne est vraiment allergique aux cacahuètes.

Pour les intolérances : des tests ciblés

  • Test d’hydrogène dans l’expiration : pour le lactose ou le fructose. Vous buvez une solution sucrée, puis vous expirez dans un appareil toutes les 15-30 minutes. Si le taux d’hydrogène augmente de plus de 20 ppm, c’est que le sucre n’a pas été digéré et a été fermenté par les bactéries. Ce test est fiable à 95 % pour le lactose.
  • Test sanguin pour la maladie cœliaque : si vous suspectez une intolérance au gluten, ce n’est pas une intolérance classique. C’est une maladie auto-immune. Le test mesure les anticorps anti-transglutaminase tissulaire. Un résultat >10 U/mL est fortement suspect. Il faut ensuite une biopsie intestinale pour confirmer une lésion de type Marsh 3.
  • Élimination et réintroduction : pour les intolérances non testables (comme la sensibilité au gluten non cœliaque), c’est la méthode la plus fiable. Vous éliminez l’aliment suspect pendant 2 à 6 semaines. Si les symptômes disparaissent, vous le réintroduisez lentement. Si les symptômes reviennent, vous avez trouvé la cause.
Médecin tenant trois tests diagnostiques : prick test, analyse de l'expiration et EpiPen, avec symboles visuels pour allergie et intolérance.

Que faire après le diagnostic ?

La gestion change complètement selon ce que vous avez.

Si c’est une allergie : Vous devez éviter l’aliment complètement. Lisez toujours les étiquettes - la loi américaine (FALCPA 2021) oblige à mentionner les 9 allergènes majeurs : cacahuètes, noix, lait, œufs, blé, soja, poisson, fruits de mer, et sésame. Toujours portez un auto-injecteur d’épinéphrine (EpiPen). Même si vos réactions passées ont été légères, la prochaine peut être mortelle. Un EpiPen coûte entre 550 et 750 € sans assurance.

Si c’est une intolérance : Vous n’avez pas besoin d’éliminer totalement. Les personnes intolérantes au lactose peuvent souvent consommer jusqu’à 12 g de lactose par jour - environ un verre de lait - sans symptômes. Il existe des produits sans lactose, ou des compléments enzymatiques (lactase) à prendre avant les repas. Pour les sulfites, évitez les vins blancs, les fruits secs, et les charcuteries transformées. Le but n’est pas de tout supprimer, mais de trouver votre seuil de tolérance.

Attention aux erreurs courantes

Une étude de 2023 a montré que 80 % des gens qui pensent avoir une intolérance alimentaire se trompent. Ce qu’ils pensent être une intolérance peut être :

  • Un syndrome de l’intestin irritable (IBS) : 45 % des cas
  • Une maladie inflammatoire de l’intestin (IBD) : 12 %
  • Une dyspepsie fonctionnelle : 23 %

La maladie cœliaque est sous-diagnostiquée : 75 % des personnes concernées ne le savent pas. Les symptômes ressemblent à ceux de la sensibilité au gluten non cœliaque - mais le traitement est différent : une alimentation sans gluten stricte pour toute la vie, pas juste une réduction.

Et ne confondez pas allergie au blé et maladie cœliaque. L’allergie au blé est une réaction IgE (comme pour les cacahuètes), et peut provoquer un choc anaphylactique. La maladie cœliaque est auto-immune. Elles ne sont pas la même chose.

Verres de lait et pain sans gluten sur un comptoir, avec une ombre représentant le SII, illustrant la gestion des intolérances alimentaires.

Quand consulter un médecin ?

Consultez un allergologue si vous avez eu :

  • Une réaction rapide après avoir mangé un aliment
  • Des symptômes hors du système digestif (peau, respiration)
  • Un antécédent familial d’allergies sévères

Consultez un gastro-entérologue si vous avez :

  • Des troubles digestifs chroniques (ballonnements, diarrhée, douleurs) depuis plus de 6 semaines
  • Une perte de poids inexpliquée
  • Des signes d’alerte : sang dans les selles, fièvre, anémie

Ne commencez jamais un régime d’élimination sans diagnostic. Supprimer des aliments sans savoir pourquoi peut vous rendre déficient en nutriments, et masquer une maladie plus grave.

Le futur du diagnostic

La recherche avance vite. En 2024, une étude dans Nature Communications a identifié des métabolites sanguins qui permettent de distinguer la sensibilité au gluten non cœliaque de l’IBS avec 89 % de précision. D’autres tests, comme l’activation des basophiles (mesure de la protéine CD63), sont en cours d’évaluation pour prédire les réactions allergiques avec plus de fiabilité.

Les grandes associations comme FARE financent aujourd’hui 17 essais cliniques pour améliorer les diagnostics. Le but ? Éviter les erreurs, réduire les régimes inutiles, et donner à chacun les bons outils pour vivre en sécurité.

Comment savoir si j’ai une allergie ou une intolérance alimentaire ?

Une allergie implique le système immunitaire et provoque des symptômes rapides - souvent en moins de deux heures - qui peuvent inclure des réactions cutanées, respiratoires ou un choc anaphylactique. Une intolérance est digestive : elle ne touche pas le système immunitaire, et les symptômes (ballonnements, gaz, diarrhée) apparaissent plus lentement, entre 30 minutes et plusieurs heures après le repas. Les allergies peuvent être mortelles ; les intolérances ne le sont pas.

Les tests de sensibilité alimentaire en ligne sont-ils fiables ?

Non. Les tests qui mesurent les anticorps IgG pour détecter des « intolérances » ne sont pas validés scientifiquement. L’Académie américaine d’allergie les considère comme non fiables, avec une précision inférieure à 45 %. Ces tests donnent souvent de faux positifs et conduisent à des régimes inutiles et restrictifs. Privilégiez les tests médicaux validés : test cutané, IgE sanguin, test d’hydrogène, ou challenge oral.

Je peux encore manger du lait si je suis intolérant au lactose ?

Oui, la plupart des personnes intolérantes au lactose peuvent consommer jusqu’à 12 grammes de lactose par jour - l’équivalent d’un verre de lait - sans symptômes. Le lait fermenté (yaourts, fromages affinés) contient moins de lactose. Vous pouvez aussi prendre des compléments enzymatiques (lactase) avant de manger. Il ne s’agit pas d’éliminer totalement, mais de trouver votre seuil personnel.

Le gluten est-il une allergie ou une intolérance ?

Le gluten peut être impliqué dans trois conditions différentes : 1) Allergie au blé - réaction IgE, possible choc anaphylactique ; 2) Maladie cœliaque - maladie auto-immune, nécessite un régime strict sans gluten ; 3) Sensibilité au gluten non cœliaque - intolérance digestive, pas d’atteinte immunitaire ni intestinale. Ce ne sont pas les mêmes choses. Un diagnostic précis est essentiel.

Pourquoi mon médecin me demande-t-il une biopsie intestinale ?

Pour confirmer la maladie cœliaque. Les tests sanguins (anti-transglutaminase) sont un bon indicateur, mais ils ne sont pas suffisants. Seule une biopsie de l’intestin grêle, montrant une lésion de type Marsh 3 (dégradation des villosités), peut poser un diagnostic définitif. Cela évite de traiter à tort une autre maladie comme l’IBS.

1 Comment

  • Image placeholder

    Jean-François Bernet

    décembre 19, 2025 AT 21:11

    Oh là là, encore un article qui fait peur avec des mots compliqués… Mais bon, si tu manges du fromage et que t’as mal au ventre, c’est pas une allergie, c’est juste que t’as trop mangé. Et non, tu n’as pas besoin d’un EpiPen pour un yaourt !

Écrire un commentaire